Parcours

Version Française

Versio Catala

English Version

SOMMAIRE

1- Lamanère – Le village le plus au Sud de France
2- Les Mines
3- Mairie-Ecole-Poste
4- Métiers et Commerces d’antan
5- L’Union
6- Le Centro
7- Le Pont de pierres – L’Aiguat
8- Les Moulins
9- Le Plaçot
9-bis- La Retirada
10- L’Eixida
11- L’Era de la Jove et le Presbytère
12- La Font de Dalt
13- Fabrique Coste
14- Hôpital des Pauvres
15- L’Église
16- La Grand’Place

1. LAMANERE, LE VILLAGE LE PLUS AU SUD DE FRANCE

Bienvenue à Lamanère, petite commune des Pyrénées-Orientales, en Haut-Vallespir, nichée dans un écrin de verdure. Notre village, le plus au Sud de la France Continentale est un point de départ idéal pour de belles randonnées, ainsi qu’un lieu au riche patrimoine, historique et culturel. Un totem a été érigé sur le territoire de la commune, sur la ligne de crête matérialisant la frontière avec
l’Espagne, au point géographique précis indiquant cette particularité : (latitude 42° 19’ 59’’ N –longitude 2° 31’ 58 ‘’ E)

Retour sommaire

2. LES MINES

Au XIVème siècle, elles ont donné leur nom au village, provenant du bas-latin « MINERA » signifiant minerai. La première mention de son vocable apparaît en 1323.
La tradition admet que leur exploitation remonterait aux Romains présents dans la région.

Les premières prospections connues sont attestées à la fin du XIIIème siècle et au début du XIVème
siècle, comme un peu partout dans le Vallespir.
L’apparition des forges à technique hydraulique contribua à l’exploitation de nombreux gisements que de multiples actes confirment sur le territoire de Lamanère au XVème siècle.
Plusieurs sites furent exploités pour alimenter les forges spécialisées dans la fonte du minerai de fer.
Mais ce sont surtout les gisements de cuivre, de plomb argentifère, de zinc, d’argent et même d’or qui sont mentionnés sur le territoire de Lamanère au XVIIIème siècle.
Ils feront l’objet d’une intense prospection au XIXème siècle. Etrangers et autochtones formeront des compagnies et associations pour faire fortune. A cette époque, ce ne sont pas moins de 12 filons qui seront exploités avec plus ou moins de succès.
Mais l’éloignement, l’inadaptation des moyens de transport et l’impossibilité technique de traiter le minerai sur place provoqueront l’échec de ces exploitations.
Les années 1920-1930 sonneront la fin et le renoncement à l’exploitation minière sur le territoire de Lamanère, laissant toutefois au village son nom si caractéristique.

Retour sommaire

3. LA MAIRIE – L’ECOLE – LA POSTE

La construction de ce grand bâtiment s’est échelonnée de 1910 à 1912 dans le but d’accueillir une Mairie, un Groupe Scolaire puis un bureau de Poste. On réceptionna la bâtisse le 19 Novembre 1912.
LA MAIRIE, sise en ce lieu depuis 1994, fut d’abord installée, à la création du bâtiment, en sous-sol/rez-de-cour au niveau des préaux jusqu’en 1962. En 1962 elle fut déplacée dans un autre bâtiment communal proche de la Place Publique à l’angle du « Carrer de Dalt » pour y demeurer jusqu’en 1994. Le premier Maire élu de LAMANERE en 1790 fut Mr Sauveur CASSULY.
L’ECOLE. Un état des instituteurs dressé le 5 Nivôse de l’An X (1801) nous renseigne sur l’instruction publique dans les Pyrénées-Orientales. Il est fait mention qu’à Lamanère un certain Philippe CASSULY enseignait la lecture, l’écriture et l’arithmétique à 30 élèves garçons. Une statistique du 14 Juillet 1876 révèle cette fois la présence au village d’une école de filles, et estime le chiffre des enfants scolarisés à 41 garçons et 39 filles.
Depuis 1912, l’école avec ses classes, sa grande cour et ses préaux en sous-sol/rez-de-cour a été logée dans cet édifice. Elle a longtemps été composée de 2 classes, puis d’une seule avant sa fermeture en Juillet 1966.
Les enfants qui ont habité ou habitent le village depuis lors, sont acheminés à l’école voisine de Serralongue.
LA POSTE. C’est le 20 octobre 1912 que fut voté l’emprunt pour la construction de la poste, inaugurée en 1913. Installée dans l’aile sud de la bâtisse, avec l’exercice d’un receveur-percepteur à plein temps, elle a été transformée en Recette Auxiliaire à partir 1971. Le personnel auxiliaire a été maintenu jusqu’en 1982.
Tout l’étage de l’édifice comprenait des logements de fonction pour les instituteurs et le receveur-percepteur de la Poste. A la fermeture de ces deux institutions, la commune a destiné à la location ces logements à des privés. Cet immeuble, polyvalent dès sa conception, a également accueilli des enfants en colonie de vacances. Ces colonies étaient assurées par l’Association des Pupilles de l’Enseignement Public (APEP) qui avait passé une convention avec la commune dès 1962 et ce, jusqu’en 1978. Dans les années 1990, des travaux dans les préaux du sous-sol/rez-de-cour ont permis de créer une grande salle pour accueillir des réunions ou des évènements culturels et festifs du village. Depuis les années 2000, la commune a initié des travaux pour créer d’abord un bistrot, puis dès 2004 un restaurant qui occupent les locaux jouxtant la Mairie.

Retour sommaire

4. METIERS ET COMMERCES D’ANTAN

Au début du XXème siècle, la population de Lamanère comptait environ 500 habitants. Les métiers exercés par les hommes, étaient principalement, mineurs, espadrilleurs, trépointeurs,
agriculteurs et éleveurs. Les muletiers, en catalan “traginers”, transportaient le bois, le charbon de bois (fabriqué dans la forêt) et les sacs de grains, pendant que le maréchal-ferrant attendait pour ferrer les mulets tout en façonnant des outils agricoles.
Pour les jours de fêtes, les Lamanérois se rendaient à “Can Po” chez le barbier/coiffeur.
Quant aux femmes, elles étaient espadrilleuses, brodeuses, couturières, accoucheuse.
De plus, du matin au soir, elles prenaient soin de leur famille, cuisinaient “l’ollada”, jardinaient, s’occupaient du cochon, des lapins et des poules… pour assurer le quotidien.
Trois épiceries se faisaient concurrence : la plus ancienne “le Café de l’Union”, dont l’inscription figure encore au n° 3 de la rue Ste Christine, était à la fois épicerie et débit de boissons. Elle fut
rachetée par la famille Orriols.
Plus tard, cette dernière, tiendra une pension de famille-hôtel-restaurant (grand bâtiment à côté de l’église).
Sur la place chez Hortense Coste, on pouvait trouver, des produits d’épicerie mais aussi des tissus et de la mercerie.
Lui faisant face, la troisième épicerie la “Botiga”, chez Marguerite Capallera, dite Néné, remplaça le café restaurant Guisset. C’est la dernière à avoir fermé à la fin des années 80.
On y trouvait non seulement de l’alimentation, mais aussi du tabac (dont le cigarillo Niñas vendu à la pièce que certains s’offraient le dimanche), de la mercerie, le journal, le gaz. Il était possible d’y
acheter tout un tas d’articles aujourd’hui disparus : papier Job, pelotes de laine, beurre au détail…
Vous aurez compris que chez Néné on trouvait de tout, si un article n’était pas en stock, elle vous le commandait. C’est pourquoi, tous les soirs la place s’animait, car les Lamanérois venaient attendre le bus “Massardo” chargé de livrer ces marchandises, ainsi que le courrier.
Autre petite particularité, Néné assurait un “service public”, en permettant aux villageois de téléphoner. C’était un point de rencontre apprécié de tous.

Retour sommaire

5. L’UNION OUVRIERE

Au début du XXème siècle, avec l’apparition de l’industrie sandalière, la conscience de classe se manifeste chez les ouvriers par la création de syndicats corporatistes comme ce fut le cas en 1906 à
Lamanère. Le premier maire progressiste est élu en 1908.
Même si elle revêt des tournures parfois cocasses, la lutte des classes est une réalité dans ce petit village où plus de 200 personnes travaillent pour le patron des Ets Coste. Propriétaire de la seule
épicerie, ce dernier peut récupérer une partie des salaires versés aux ouvriers par le système de la « Llibreta », petit carnet où étaient notés tous les achats des familles, déduits ensuite de la paye
chaque quinzaine.
Au retour de la guerre, les affaires vont moins bien et en 1920, le dirigeant des Ets Coste impose une baisse de salaire de 20 %. En décembre 1921, refusant de dépendre plus longtemps de leur
patron, 7 ouvriers de la fabrique Coste accompagnés par un huitième travailleur venant de l’extérieur, fondent l’Union Ouvrière. Rapidement cette coopérative prend de l’ampleur et sous
l’impulsion d’Elie Dubic une mécanisation de la fabrication est mise en œuvre. L’Union Ouvrière cessera en 1981 avec le départ à la retraite du dernier ouvrier.
Dès la fin du XIXème siècle, tous les ouvriers de Lamanère se distinguent en créant une mutuelle qu’ils nommeront « La Fraternelle ».

Retour sommaire

6. LE CENTRO

Le CENTRO fut une émanation de l’Union Ouvrière, atelier de production d’espadrilles. Cette coopérative gérée par des bénévoles, quelques heures par jour et en fin de semaine, vit le jour en
1922.
La taverne accueillait , dans sa cave, une douzaine de gros fûts de 230 à 250 litres, des bordelaises remplies de vins de la plaine du Roussillon où les Lamanérois achetaient leur consommation
personnelle.
Dans cette salle, au son d’un accordéon, d’un violon, d’un piano à sous et plus tard au son d’un phonographe, la jeunesse dansait la polka, la mazurka… et ensuite des javas, des passo-dobles, des
tangos, des valses…
Le Centro faisait office de bistrot local, les hommes buvaient de l’anisette bien fraîche ou une chopine de vin, tout en discutant en catalan.
Ils jouaient au TRUC avec des cartes catalanes : Espases (épées) pour symboliser l’armée, Bastos (gourdins) les dirigeants, Copas (coupes) le calice du Clergé et Oros (écus d’or) les marchands. Les
joueurs se font comprendre de leur partenaire par des mimiques, des moues et grimaces.
Ce lieu de convivialité de notre village périclita et fut fermé à la fin des années 1960 .

Retour sommaire

7. LE PONT DE PIERRE ET L’AIGUAT

Ce pont de pierre enjambe la rivière Lamanère et porte encore les traces de l’Aiguat (inondation).
En effet du 16 au 18 Octobre 1940, de violentes pluies associées à une forte tempête de vent s’abattent sur Lamanère, tout le Roussillon, et plus particulièrement sur le VALLESPIR.
Les rivières deviennent torrents et inondent le bas du village. Une maison est emportée, d’autres sont inondées, envahies de boue, de cailloux, de branchages arrachés à la montagne par
d’importants glissements de terrain. Les rues sont effondrées et l’électricité coupée pendant six mois.
Le village est isolé du reste du monde, la route départementale est totalement inaccessible.
Avec tous les champs entièrement détruits, la vie quotidienne des lamanérois devint très difficile en cette période de guerre.
Ces crues ont provoqué des dégâts considérables dans tout le Vallespir, mais aussi en Catalogne et fait surtout 57 morts dont près de la moitié (27) à Amélie-les-Bains.

Retour sommaire

8. LES MOULINS

La BASSA DEL MOLI est le bassin d’un moulin aujourd’hui disparu comme les six autres implantés dans le village le long de la rivière (La Molinera, Gusti del Moli, El Moli Nou, El Moli
de la Cabanya, El Moli del Pla Del Boix, Moli Del Manché). Seules rescapées visibles, les deux meules reconverties en tables de pique-nique, au niveau du plan d’eau actuel.
Les mules acheminaient les sacs de seigle, de froment, d’orge ou de sarrasin vers ces moulins au fil de l’eau…Le meunier transformait les grains en farine et en conservait une partie pour son travail.
Il possédait aussi quelques champs qui s’étalaient en « feixes »(terrasses en espalier) retenues par des murets en pierres sèches. Cette terre péniblement travaillée, fertilisée grâce au fumier du
cochon, élevé dans chaque maison, permettait la culture des pommes de terre, des haricots, du maïs et des choux, utilisés quotidiennement pour la soupe « L’OLLADA ».
Les lamanérois cuisaient leur pain chez eux dans des fours arrondis façonnés dans leur maison et il n’y a jamais eu de boulanger à Lamanère.
Le dernier moulin, celui du Pla Del Boix a fonctionné jusqu’après la deuxième guerre mondiale.

Retour sommaire

9. LE PLAÇOT

Jadis un moulin fut construit en ce lieu. Il laissa place à ce bâtiment afin de loger le personnel des mines, ainsi que celui de la logistique.
En 1932, Mme de Thoisy (fille adoptive de Mme Veuve Fabre) en fit don aux religieuses de St Vincent de Paul, afin d’offrir des vacances à des orphelines. Par la suite une colonie de vacances
destinée à des fillettes vit le jour.
En 1939 lors de la retirada (exode massif d’hommes de femmes et d’enfants fuyant les attaques franquistes suite à la guerre civile espagnole) cette charitable institution soignera et hébergera des
centaines de réfugiés.
L’année suivante, ce sont des jeunes filles de la fondation Van Der Burch, (située à Cambrai et Le Quesnoy dans le nord) qui, fuyant l’occupation allemande y seront hébergées. Après ces douloureux épisodes, le bâtiment redevient colonie jusqu’en 1970.
Quelques années plus tard, l’ADPEP (Association Départementale des Pupilles de l’Ecole Publique)
se portera acquéreur de cette propriété. Cet organisme ne pouvait entretenir les locaux dont l’entretien s’avérait onéreux. C’est sous l’impulsion de l’Association pour la Sauvegarde et le
Renouveau de Lamanère, que la municipalité rachètera cette grande maison.
Cette association (loi 1901) née en 1985, de la volonté des lamanérois et leurs amis, a fait revivre ce lieu chargé d’histoire pendant une quinzaine d’années. (Randonnées guidées, restauration, accueil de marcheurs, classes vertes, édition de livres, kermesses, et de très nombreuses animations)
Plus récemment, en 2019, une nouvelle association, le “Plaçot au Coeur” a vu le jour. Elle a pour souci et vocation la réhabilitation de cette immense bâtisse afin de faire vivre et animer ce petit
village du Haut Vallespir.

Retour sommaire

9 BIS LA RETIRADA 1939

Après la chute de Barcelone, conséquence de la guerre civile en Espagne, du 28 Janvier au 13 Février 1939, des milliers réfugiés républicains espagnols ont franchi la frontière au Col de
Malrems, un des principaux points de passage, à LAMANERE.
Ce petit village de 350 habitants va devoir gérer, avec très peu de moyens, cette arrivée massive de réfugiés républicains espagnols, civils et soldats, femmes, enfants, vieillards malades, blessés,
fuyant les armées franquistes.
LA RETIRADA (la retraite) est le terme qui s’imposera pour désigner cet exode massif, brutal et désespéré durant cet hiver 1939, particulièrement glacial.
Les autorités politiques françaises se sont vite déclarées surprises et n’avaient donc rien prévu. Les édiles locaux et la population ont fait, humainement et administrativement, ce qu’ils ont pu pour
accueillir et secourir ce déferlement humain.

Retour sommaire

10 L’EIXIDA

C’est près de cette voûte en pierre qui donne accès au gué sur la rivière Taix que se trouve certainement la maison la plus ancienne du village.
Cette maison est probablement le premier « hôpital » ou plutôt une maladrerie destinée à recevoir les voyageurs ayant besoin de soins, de nourriture ou simplement de repos. Cette institution, sorte de maison de charité, était gérée par des « Donats » particuliers dévoués à une cause et soumis à une règle stricte sous l’autorité d’un « Commandeur ».
A partir de 1378, c’est certainement la présence de cet établissement qui amena la construction de la première église de Lamanère.
C’est donc à sa situation géographique privilégiée et à son accès facile par le Col de Malrems (1131m) qu’un petit hameau s’est développé qui deviendra plus tard le village de Lamanère.
L’activité minière et le développement de l’agriculture en assureront son expansion. Plus tard les échanges de marchandises compléteront les revenus des habitants.

Retour sommaire

11 L’ERA DE LA JOVE ET LE PRESBYTERE

Il est vraisemblable que l’Era de la Jove soit le lieu où se pratiquait le battage des différentes
céréales produites au village. Le grain amputé de la part du seigneur ou de l’État, allait alimenter les moulins situés sur la rivière Lamanère. En 1778, la totalité des impôts payés par les habitants de
Lamanère représentait 332 livres et 10 sols (très approximativement 2 700 €)

Le presbytère du village changea plusieurs fois de lieu et de propriétaire. Le premier édifice rendu à la famille Roca sous la Révolution fut réclamé par la municipalité en 1808. Cette demande resta sans succès, Il faudra attendre 1812 pour résoudre le problème du logement du curé. Cette année-là, Michel Xicoy fit donation à la commune d’une maison devenant la Casa de la Rectoria sise à l’Era de la Jove. La décision de reconstruire le presbytère dans la configuration actuelle fut prise en 1813.
L’adjudication fut remportée en 1814 par le Sieur Noguer moyennant la somme de deux mille soixante-quatre francs.
En1906, les 23 héritiers Xicoy revendiquèrent la propriété du bâtiment et obtinrent gain de cause le 4 Juillet de la même année sur décision du Préfet. Le presbytère redevint plus tard propriété de
l’Evêché et malgré plusieurs demandes des différentes municipalités, c’est en 1978 que la commune put l’acquérir alors que son état d’insalubrité l’avait rendu inhabitable.
En 1984, la municipalité le transforme en aménageant 5 gîtes.

Retour sommaire

12 LA FONT DE DALT

La galerie principale du jardin d’En Bourrec nécessita, compte tenu des entrées d’eau, le creusement d’une galerie d’évacuation afin de faciliter le travail des mineurs. C’est l’eau de cette
galerie qui coule en permanence à toutes les périodes de l’année.
L’eau limpide et fraîche qui s’écoule de cette fontaine fait le bonheur du randonneur assoiffé.
En 1921 un réseau fut mis en place pour alimenter les bornes fontaines qui desservent les rues de Lamanère.
Cette fontaine a d’abord alimenté un lavoir en pierre à ciel ouvert, aménagé par la commune après une loi de 1851, obligeant toutes les communes à construire cet équipement. Auparavant, les
lavandières faisaient la lessive le dimanche au bord de la rivière. Elles s’agenouillaient dans une sorte de caisse à 3 côtés, devant une pierre plate, elles savonnaient, tapaient le linge au battoir puis
elles le rinçaient ensuite au fil de l’eau.
Ce lavoir fut maçonné et couvert dans la première partie du XXième siècle. Constitué de 2 bassins dont l’un plus grand, servait à laver le linge sale à l’aide de savon de Marseille, battoir en bois et
brosse à chiendent, et l’autre à le rincer dans l’eau claire, il était un haut lieu de lien social. Les « bugaderas » (lavandières) du village s’y retrouvaient et en profitaient pour bavarder et évoquer
leur quotidien.

Retour sommaire

13 FABRIQUE COSTE

L’espadrille d’abord fabriquée en Catalogne du Sud faisait partie intégrante du costume catalan.
Elle était aussi objet d’un trafic de contrebande avec la Catalogne Nord jusqu’en 1850 où la première fabrique fut installée à St-Laurent de Cerdans. C’était aussi une activité qui procurait un
salaire d’appoint dans les mas et les maisons. En 1880, un atelier s’installe à Serralongue puis en 1884 à Prats de Mollo.
C’est en 1889 que Michel Xatard créé un premier petit atelier de fabrication d’espadrilles à Lamanère. Très rapidement il déménage sa production à Céret.
Il faut attendre 1892 pour que les frères Coste ouvrent l’atelier d’espadrilles pour lequel il resteront associés jusqu’en 1914. En 1911, ils emploient près de 200 personnes :
– 3 ouvriers espadrilleurs, 3 ouvrières d’atelier, 48 hommes et 50 femmes travaillant à domicile, 20 jeunes, 20 journaliers, une soixantaine d’emplois saisonniers.
On imagine l’importance de ces employeurs dans un village qui comptait 540 âmes. Leur pouvoir était d’autant plus grand qu’ils étaient également propriétaires de la seule épicerie du village.
C’est surtout la production d’espadrilles de luxe qui fit la notoriété des Frères Coste. Ils prétendaient d’ailleurs envoyer chaque année une paire de leurs plus belles espadrilles à la Reine
d’Angleterre.
En 1918, les frères Coste se séparent, Jeanet reste à Lamanère, Jeanou part s’installer au Tech.
En 1920 la chute des ventes met en difficulté l’atelier Coste et le patron décide de baisser les salaires de 20 %. Cette décision amènera la création en 1921 de l’Union Ouvrière par des employés
refusant cette mesure.
Plus tard, c’est le fils de Jeanet, Michel Coste qui prendra la direction de l’entreprise avec une attitude plus sociale envers le personnel. Michel Coste dirigera l’entreprise jusqu’en 1968 année où
l’activité de la Société prendre fin.

Retour sommaire

14 L’HÔPITAL DES PAUVRES

La croix qui se trouve sur le linteau de cette maison témoigne certainement de l’existence de ce qui a dû être le deuxième hôpital des pauvres construit à Lamanère.
Le premier établissement de ce type était antérieur à la construction de l’église qui fut érigée à la fin du XIVe siècle. On trouvait ces hôpitaux médiévaux dans toute la région à partir du XIIe siècle.
Cette maison de charité est donc une reconstruction comme l’indique la date de 1686 gravée sur le fronton. La croix semblable à celle de Malte était gravée au XIVe siècle sur le mur de l’hôpital St-
Jean de Perpignan fondé en 1116. On trouvait également cette croix sur la poitrine des religieux qui avaient la charge de l’Hôpital St-Jean.
Il faut rappeler que la situation géographique de Lamanère en faisait un lieu de passage et d’échanges entre les deux versants du Col de Malrems. Epoque où les deux Catalognes ne formaient qu’un seul et même pays.

Retour sommaire

15 L’EGLISE SAINT-SAUVEUR

Edifice de culte dont la construction commença en 1378, comme le précise l’inscription gravée sur un piedroit du portail d’entrée : « Anno Domini MCCCLXXVIII fut principium ecclesia ». A la
même époque, une mention atteste de la présence d’un cimetière sur le côté droit de la nef.
A l’origine, petite chapelle rurale modeste de 12 mètres sur 5, de style roman, elle était rattachée à la paroisse Sainte-Marie de Serralongue.
Elle fut dédiée à Saint-Sauveur, vocable rare, symbole de la Transfiguration du Seigneur. Son édification peut être liée à la fondation quasi contemporaine d’un hôpital des Pauvres à proximité.
Un prêtre y résida à partir de 1722 et elle devint paroisse autonome à partir de 1723, preuve de l’importance prise par l’ancien hameau de Lamanère. Elle fut totalement remaniée en 1745, autant
en raison de l’augmentation de la population que de la dégradation de son état général. Son abside, semi-circulaire disparut alors pour permettre la construction d’un clocher-tour quadrangulaire. Le sanctuaire devint rectangulaire et permit l’installation d’un retable de style baroque. L’édifice fut enrichi également de retables latéraux.
Son état alarmant exigea une délibération du conseil municipal du 20 Janvier 1820. Face à la hausse de sa population, sa taille était devenue insuffisante pour les 712 habitants. Les travaux furent
achevés en 1827. Elle présente aujourd’hui cette configuration.
Le dernier prêtre y ayant exercé fut Joseph Oro-Bach jusqu’à son décès en 1936.

Retour sommaire

16 LA GRAND’PLACE

De forme carrée, elle est de belle proportion. Le mur du fond garde encore les anneaux en fer où « Le TRAGINER » (le muletier) attachait les mules qui allaient boire à la fontaine, ancien
abreuvoir… Tout le long du mur court un banc de pierre semblable aux PEDRIS, situés de part et d’autre de la porte d’entrée de nombreuses maisons du village… utiles pour le repos ou les
rencontres…et le travail des espadrilleuses.
Dressé en son centre trône « LE PLATANE » vraisemblablement planté le 1 er Novembre 1830.
De grandes festivités se déroulèrent sur cette place pour célébrer la charte constitutionnelle signée par Louis-Philippe, Il accordait le pouvoir législatif et quelques autres droits au peuple. Il y fut
également organisé une course de taureaux, fait exceptionnel pour l’époque, mais qui atteste d’un grand moment populaire. De nombreuses manifestations continuent encore d’être organisées sur
cette place de village, et en particulier la FESTA MAJOR grâce au dynamique Comité des Fêtes et ce, depuis plus de cinquante ans.
Face à lui, s’érigent en un majestueux escalier les marches de l’église Saint-Sauveur. Sur ces dix marches de « L’ESCALER» en grosses pierres bien de chez nous, où de tous temps, et en particulier
entre les deux guerres, se rassemblaient les lamanérois de la Fabrique Coste et de l’Union qui venaient « fer l’hora », l’heure de pause et de détente. Ils discutaient avec passion du temps, de la
politique, de la vie du village, avant d’être rappelés au travail par l’horloge du clocher.
Aujourd’hui encore, les lamanéroises et lamanérois s’y retrouvent avec plaisir, L’Escaler reste le symbole de la convivialité et une tribune d’où l’on regarde défiler la vie.

Retour sommaire